Groupement Interprofessionnel de Fabricants pour l'Étude de la Commercialisation
20/09/2024 | Gifec

Cadrage macroéconomique - Activité industrielle et climat des affaires - Production manufacturière et soldes d’opinion - Les cours internationaux - Prix des matières premières et taux de change €/$

 

Cadrage macroéconomique

Le scénario de Xerfi à l’horizon 2025

La croissance devrait rester en deçà de 1% à l’horizon de 2025

Face au constat d’un déficit nettement supérieur à celui prévu par l’ancien gouvernement, le nouvel exécutif a annoncé un tour de vis budgétaire très significatif. Les mesures de consolidation annoncées (60 milliards d’euros) représentent 2% du PIB. Un pôle de résistance en termes de croissance devrait s’organiser autour des ménages, qui bénéficieront des baisses de taux de la BCE, d'une inflation modérée et de la hausse des salaires réels. Deux bémols toutefois : le marché du travail sera moins favorablement orienté (avec une hausse du taux de chômage en vue) et les retraités devront probablement composer avec le gel de leurs pensions retraites jusqu’au 1er juillet 2025. L’investissement résidentiel devrait continuer de se contracter en 2024, avant de modestement repartir en 2025. La vraie inquiétude vient des entreprises, car ce sont-elles qui vont fournir l’essentiel de l’effort demandé pour redresser les comptes publics. Leurs investissements pourraient en faire les frais. Au mieux, l'activité économique devrait rester atone en 2024 et 2025

 

Note : Le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 suit un calendrier précis, composé d’une phase parlementaire d’octobre à décembre. Le discours d’orientation générale du Premier ministre en a donné les grandes lignes mais les arbitrages ne sont pas terminés. Compte tenu de la majorité relative dont il dispose, certaines des dispositions majeures annoncées risquent d’être amplement amendées, voire retirées. Dans ce contexte incertain, notre scénario intègre les évolutions économiques récentes et l’impérative restriction budgétaire à laquelle le futur gouvernement devra se plier.

  

Activité industrielle et climat des affaires

 Production manufacturière et soldes d’opinion

Vers une contraction de l’activité de l’industrie manufacturière en 2024

La production de l’industrie manufacturière reculera d’environ 1% en 2024. Pénalisée par la baisse d’activité de la construction, l’industrie lourde (incluant la sidérurgie, la chimie de base et les matériaux de construction non métalliques : verre, ciment, etc.) sera de nouveau en déclin. L’activité en volume de l’industrie automobile rechutera nettement en 2024, affectée à la fois par une demande en berne en Europe et par une période de transition entre anciens et nouveaux modèles dans les usines françaises. La production de biens d’équipement se réduira nettement, pénalisée par le ralentissement des investissements des entreprises et les délocalisations. Le recul de l’industrie manufacturière en 2024 sera néanmoins modéré par le redressement de l’activité agro-industrielle, qui profitera d’un regain de consommation lié à l’apaisement de l’inflation, et surtout de l’industrie pharmaceutique (+6%). En 2025, nous prévoyons une hausse de 1,5% de la production de l’industrie manufacturière. Ce rebond profitera du redressement de l’industrie automobile (montée en puissance de la production de modèles récents, comme la R5 et le e-3008). L’industrie aéronautique sera aussi porteuse, après une année 2024 difficile. Par ailleurs, d’ici la fin du premier semestre 2025, la demande de matériaux de construction devrait se redresser.

Nouvelle dégradation du climat des affaires général en octobre

Le climat général des affaires en France se dégrade de nouveau cet automne, après deux mois consécutifs d’amélioration. L’indicateur général a perdu un point en octobre par rapport à septembre, s’établissant à 97. Cette nouvelle dégradation s’explique essentiellement par les fortes difficultés traversées par le secteur de l’industrie, où l’indicateur a perdu 7 points en un mois pour tomber à 92, un minimum sur quatre ans. Néanmoins l’effet de cette chute sur l’indicateur général reste modéré, grâce à la résilience du secteur des services, où le climat des affaires s’est amélioré en octobre, se maintenant au-dessus de sa moyenne de long terme. Enfin, l’indicateur dans le secteur du bâtiment s’est stabilisé à 100, tandis que celui du commerce de détail s’est très légèrement dégradé, retombant légèrement en-dessous de sa moyenne de long terme.

 

Les cours internationaux

Prix des matières premières et taux de change €/$

Vers une légère baisse du cours du pétrole à 80$/baril en moyenne à l’horizon de 2025

Le cours du Brent affiche une tendance globalement baissière depuis mai 2024, dans le contexte d’une normalisation, voire un affaiblissement, de la demande chinoise, une conjoncture économique mondiale toujours morose et la perspective d’une réintroduction progressive des barils retirés du marché par l’OPEP+. Pour stopper la dégringolade du cours, les pays de l’OPEP+, guidés par l’Arabie saoudite et la Russie, ont repoussé de deux mois (d’octobre à décembre 2024) le début de leur plan d’augmentation progressive de l’offre. Au-delà des aléas géopolitiques qui peuvent provoquer des sursauts temporaires, les fondamentaux du marché pétrolier plaident pour une baisse modérée du cours du Brent en 2025, aux alentours de 80$/baril en moyenne annuelle. La croissance de la demande mondiale de pétrole en 2024 et en 2025 sera bien en deçà de la hausse exceptionnelle de 2023 (due au rebond mécanique de la consommation chinoise, post restrictions sanitaires), d’autant plus que la demande de la Chine ralentit de façon structurelle avec l’essor de la mobilité électrique. Du côté de l’offre, la production hors OPEP (États-Unis, Canada, Brésil et Guyana, notamment) est en forte progression et les coupes de production de l’OPEP+ seront graduellement réduites, ce qui devrait ajouter, d’ici le prochain automne, 2,2 millions de barils/jour à l’offre mondiale. Dans ce contexte, le marché mondial devrait redevenir excédentaire en 2025.

Après avoir reculé en 2023, les cours des métaux industriels se sont orientés nettement à la hausse au printemps 2024, mais un nouvel ajustement baissier est en cours depuis trois mois. Les tensions haussières ont été particulièrement fortes pour les métaux qui jouent un rôle crucial dans la transition énergétique (énergies renouvelables, batteries, réseaux, etc.). C’est le cas notamment du cuivre et, dans une moindre mesure, du nickel, de l’aluminium et du zinc. Les hausses récentes de ces cours reflètent les craintes d’une inadéquation de l’offre par rapport à la demande sur les 10-15 prochaines années. Nous tablons cependant sur des hausses annuelles modérées en 2024 et en 2025 (voire des baisses pour le fer et l’acier), car à cet horizon les marchés mondiaux des métaux devraient être excédentaires, dans le contexte d’une croissance mondiale encore faible.