Groupement Interprofessionnel de Fabricants pour l'Étude de la Commercialisation
25/03/2024 | Gifec

Cadrage macroéconomique - Activité industrielle et climat des affaires - Production manufacturière et soldes d’opinion - Les cours internationaux - Prix des matières premières et taux de change €/$

 

Cadrage macroéconomique

Le scénario de Xerfi à l’horizon 2024

 La croissance reste atone au 1er trimestre 2024

D’après les estimations de Xerfi et en attendant la publication de l’Insee, l’économie française a continué de stagner durant les 3 premiers mois 2024, poursuivant la tendance du 2e semestre 2023. Les ménages, frileux face à l'incertitude économique, maintiennent une forte propension à l'épargne, ce qui limite les perspectives de reprise de la consommation. Bien que l'inflation soit en décélération par rapport aux trimestres précédents, elle demeure élevée et continue de grever le pouvoir d’achat. Elle devrait atteindre 3% sur l’ensemble de l’année. Sur le front de l'emploi, le taux de chômage remonte légèrement (7,8% contre 7,5% fin 2023. tandis que les créations d'emplois et les intentions d’embauche fléchissent. Ce contexte morose contraint les entreprises à une concurrence agressive pour maintenir leurs marges, entraînant des pressions sur les prix et les volumes. L'investissement des entreprises devrait avoir connu un nouveau ralentissement au

1er trimestre 2024. De plus, les défaillances d’entreprises se rapprochent de leurs pics historiques (près de 16 000 procédures ouvertes entre janvier et mars), notamment dans le bâtiment et dans l’hôtellerie-restauration. Dans ce contexte, la croissance du PIB devrait s’établir à environ 0,5 % en 2024, en ralentissement par rapport à l’année dernière.  

 

Activité industrielle et climat des affaires

Production manufacturière et soldes d’opinion

 

L’activité de l’industrie manufacturière vers un nouveau ralentissement en 2024

La production de l’industrie manufacturière a progressé très modérément en 2023 (+0,7% en volume sur l’année), avant de reculer légèrement en ce début d’année par rapport au niveau atteint au dernier trimestre 2023. L’année dernière le principal moteur de la croissance a été le rebond de la production de matériels de transport, automobile (+11%) et aéronautique (+14%). En revanche, l’activité de nombreuses branches est tombée dans le rouge, pénalisée par la baisse de la consommation des ménages et/ou par une perte de compétitivité liée aux coûts de l’énergie en Europe. C’est le cas notamment de l’agroalimentaire, de la plasturgie, de la chimie, des matériaux de construction ou encore du papier-carton.

La croissance de l’industrie manufacturière restera faible en 2024 (+0,5%). La production de biens d’équipement se réduira un peu, pénalisée notamment par une baisse de la demande à l’export. La production de matériaux de construction subira la crise de la construction neuve et l’activité de l’industrie agroalimentaire sera de nouveau orientée à la baisse, pénalisée en particulier par la concurrence étrangère. Les principaux moteurs seront à trouver du côté de l’aéronautique et de certains secteurs énergo-intensifs qui avaient tourné au ralenti au début de 2023, comme la chimie.

 

Amélioration simultanée du climat des affaires général et du climat de l’emploi en mars

Le climat général des affaires s’est un peu amélioré en mars. Il a retrouvé son niveau « normal » (100), correspondant à sa moyenne de long terme, après 5 mois consécutifs en-deçà de ce niveau. L’amélioration du climat général s’explique par une hausse des indices des secteurs de l’industrie (+1 point par rapport à février), des services (+2 points) et du commerce de détail (+2 points), alors que le climat des affaires dans le bâtiment s’est dégradé de 1 point par rapport au mois précédent.

Le climat de l’emploi s’est quant à lui stabilisé au-dessus de sa moyenne de long terme (à 102, comme en février), après être passé en janvier 2024 en-deçà de 100, pour la première fois depuis avril 2021.

 

Les cours internationaux

Prix des matières premières et taux de change €/$

 

Vers une légère hausse du cours du pétrole à environ 85$/baril en moyenne sur 2024

La demande mondiale de pétrole a affiché une hausse exceptionnelle en 2023 (+2,2 millions de barils/jour) en raison du rebond mécanique de la demande chinoise, contrainte en 2022 par les restrictions sanitaires, tandis que les coupes d’offre de l’OPEP+ ont replongé le marché mondial en déficit. En 2024, la croissance de la demande devrait être plus modérée (+1,3 million de barils/jour selon les prévisions de l’Agence Internationale de l’Énergie). La récente remontée des cours au-dessus de 80 $ le baril est propice à une reprise de la production hors OPEP, à l’image des hausses de production observées aux États-Unis, au Canada ou au Brésil depuis l’été dernier. Dans ce contexte, les pays de l’OPEP+ auront des difficultés à respecter les quotas de production qu’ils se sont imposés, craignant de perdre des parts de marché dans un contexte de prix élevés.  Par ailleurs, après s’être nettement contractés en 2020, les investissements en nouvelles capacités d’extraction sont repartis à la hausse mais ils restent encore bien inférieurs à leur niveau d’avant-Covid, contraignant ainsi le potentiel de reprise de l’offre mondiale et fixant ainsi un plancher à la baisse potentielle des cours sur un horizon de moyen terme. Par conséquent, au-delà des aléas géopolitiques (conflits au Moyen-Orient et en Ukraine) qui peuvent provoquer des oscillations temporaires, nous tablons sur une stabilisation du cours de l’or noir, autour de 85$/baril, en moyenne annuelle, en 2024.

Les cours des métaux industriels ont suivi une tendance baissière entre le printemps et le début de l’automne, dans un contexte de conjoncture morose et de normalisation des conditions de l’offre minière, mais des tensions haussières sont réapparues cet hiver, notamment sur les cours du cuivre, du minerai de fer et de l’acier, au gré des nouvelles économiques (décisions de politique monétaire, prévisions de croissance mondiale, crise immobilière en Chine) et politiques (tensions croissantes au Moyen-Orient depuis novembre). Dans notre scénario, ils devraient afficher en 2024 des baisses plus modérées qu’en 2023 ou même des légères hausses dans les cas du cuivre et de l’aluminium.